Les condamnations ...
rideau
accuses du procès de nuremberg
A quatorze heures cinquante, la cour entame sa quatre cent septième et dernière audience. Cette fois, sur ordre du président, pas de photographes. Dans un silence lourd, tendu, tous les regards sont braqués sur la porte derrière le box des accusés.
Enfin, elle s'ouvre, doucement, sans bruit. Du rectangle obscur, émerge la silhouette massive de Goering, suivi de deux M.P. Son visage parait livide, affaissé. D'un geste las, il prend les écouteurs.
-Accusé Hermann Goering...
Goering agite les mains: le système de transmission est tombé en panne. Un officier se précipite pour le rétablir. La voix monocorde de l'interprète reprend : conformément aux chefs d'accusation dont vous avez été reconnu coupable, vous êtes condamné à la pendaison. Très calme, Goering enlève les écouteurs, exécute un demi tour droite très militaire et sort.
Hess, lui, refuse les écouteurs, si bien qu'il n'entendra même pas sa condamnation à la détention perpétuelle. Un M..P. lui touche l'épaule pour lui faire comprendre qu'il doit se retirer.
Ribbentrop, blême, Keitel, le visage fermé, Kaltenbrunner esquissant un sourire, Rosenberg qui doit visiblement lutter pour conserver un semblant de sang-froid, Frank, les mains levées dans un geste suppliant et qui hoche la tête comme pour approuver sa condamnation, Streicher qui se plante sur ses jambes écartées, Sauckel, sombre et rageur, Jodl qui émet une sorte de sifflement dédaigneux avant de se détourner.
Funk a certainement redouté de subir le même sort. En entendant les mots « à la détention perpétuelle), il éclate en sanglots et, maladroit, pitoyable, s'incline devant les juges.
Dix-huit fois, la porte a glissé dans ses rails. Chaque annonce de verdict a pris environ quatre minutes. A quinze heures quarante, la cour se retire. Son rôle historique est terminé.
Dehors, c'est la ruée sauvage des journalistes vers le central téléphonique et les télescripteurs. Le soir même, la presse mondiale annonce :
Douze condamnés à mort: Goering, Ribbentrop, Keitel, Kaltenbrunner, Rosenberg, Frick, Frank, Streicher, Sauckel, Jodl, Seyss-Inquart et, par contumace, MartinBormann.
Hess, Funk et Raeder condamnés à la détention perpétuelle, Schirach et Speer à vingt ans, Neurath à quinze, Doenitz à dix.
Schacht, von Papen, Fritzsche sont acquittés.
Dans la prison le psychiatre Gilbert va de cellule en cellule. Goering s'efforce de prendre un air dégagé. Mais ses mains agitées d'un trem-blement mal contenu, ses yeux humides, sa respiration haletante montrent qu'il est au bord de la crise nerveuse. Un peu plus tard, il confiera au coiffeur de la prison :
Eh bien, qu'ils me pendent. De toute manière ce sont de piètres tireurs
c'est peut-être pour cela qu'ils ne veulent pas nous coller au mur.
J'avais bien pensé qu'il y aurait onze condamnations à mort, sans compter Bormann. Tout de même, pour Jodl... cela m'a surpris. Je croyais plutôt qu'ils pendraient Raeder .
Ribbentrop, visiblement éprouvé, arpente sa cellule en murmurant :
A mort I Condamné à mort ! Je ne pourrai même pas écrire mes Mémoires. On me hait donc tant que cela, tant que cela...
Keitel et Jodl donnent libre cours à leur indignation. Non parce qu'ils sont condamnés à mort, mais parce que la pendaison leur parait particulièrement infamante.
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Procès de Nuremberg